Arrosage des plantes et du potager avec le chlorure de magnésium

Comme on l’a déjà vu (relire si nécessaire le paragraphe « La vie végétale, la chlorophylle et la photosynthèse » ), le magnésium est l’atome central de la chlorophylle, et sans lui la photosynthèse est impossible. Un végétal carencé en magnésium dépérit rapidement : ses racines se développent moins, des feuilles se couvrent de taches jaunes, puis l’ensemble de son feuillage dépérit. La carence en magnésium touche en premier les feuilles les plus anciennes (à la différence de la carence en manganèse qui touche d’abord les plus jeunes feuilles).

Le fumier, le lisier et le compost, bien que beaucoup moins riches en magnésium que les sources minérales, apportent un magnésium dont la biodisponibilité permet généralement une assimilation totale sur une saison de culture.

L’apport volontaire de magnésium aux cultures végétales se fait par des sources minérales dites semi-solubles (dont le magnésium se rend disponible progressivement), comme la dolomite hydratée ou non, l’oxyde de magnésium…, et des sources dites solubles. Alors que les sources semi-solubles sont intégrées dans le sol sous forme solide, où elles dispenseront le magnésium progressivement sur des durées plus ou moins longues, les sources de magnésium solubles peuvent être apportées par l’arrosage du sol ou la pulvérisation sur les feuilles. Parmi les sources solubles de magnésium, on peut citer le nitrate de magnésium, le sulfate de magnésium (sel d’Epsom) et le chlorure de magnésium.

Le chlorure de magnésium est une source efficace de magnésium soluble en arrosage et en pulvérisation foliaire. Il contient 25 % de magnésium assimilable et est généralement vendu en agriculture sous forme de solution saturée à 560 g/l ou en addition à d’autres nutriments dans des composés fertilisants.

En cas de dépérissement et de jaunissement des végétaux, un apport de magnésium via le chlorure de magnésium donne souvent d’excellents résultats.

Arrosage des plantes et du potager

Le chlorure de magnésium est important pour la santé des plantes.

En arrosage :

1 cuillerée à café de chlorure de magnésium en poudre pour 1 l d’eau. Il pourra être utile de laisser des coquilles d’oeuf se dissoudre dans la solution avant l’arrosage, pour compléter le magnésium par un apport de calcium. Le chlorure de magnésium apporte au sol un magnésium rapidement disponible, mais peu persistant (à la différence des sources « semi-solubles »). L’opération doit donc être renouvelée régulièrement (attention, un excès peut également être nocif).

Arrosage des plantes et du potager

Le chlorure de magnésium permet une bonne croissance des végétaux.

En pulvérisation :

la pulvérisation sur les feuilles est une bonne solution pour apporter rapidement du magnésium, mais elle devra être répétée souvent pour maintenir une bonne croissance du végétal. Elle est considérée comme une solution temporaire qui ne remplace pas le magnésium disponible dans le sol. En agriculture conventionnelle, des produits chimiques complexes comme le lignosulfate ou l’EDTA (acide éthylène diamine tétra-acétique), agissant comme chélateurs, peuvent être utilisés pour favoriser l’assimilation foliaire du magnésium, mais leur toxicité les rend impropres à un usage pour le jardinier amateur. Et, si le chlorure de magnésium est utilisé en agriculture biologique, l’EDTA ne le sera certainement pas !

Le magnésium et l’agriculture moderne

Incidence des pratiques de l’agriculture moderne sur la teneur en magnésium du sol et des aliments.

Agriculture moderne et magnésium

Les céréales modernes nécessitent des apports réguliers de magnésium pour éviter les carences.

Comme on l’a vu, le magnésium est un élément nécessaire au maintien de toutes les formes de vie, y compris celle des végétaux. Dans la mesure où notre corps n’est pas en mesure de générer son propre magnésium, il dépend des apports extérieurs, et en premier lieu de ceux qui nous viennent du sol par l’intermédiaire des végétaux que nous consommons. Et c’est là que le bât blesse.
Une étude réalisée en Égypte dans les années 1930 par le scientifique français M. Schrumpf-Pierron mit en évidence que les agriculteurs, qui se nourrissaient de maïs, de blé, de riz, de fèves, de lentilles et d’oignons (tous ces produits étant évidemment non raffinés) cultivés sur les limons du Nil très riches en magnésium absorbaient des doses quotidiennes de magnésium de 1 000 à 2 000 mg. Ces populations locales jouissaient d’une santé exceptionnelle jusqu’à des âges très avancés, avec une incidence de maladies infectieuses et dégénératives quasi nulle. Les sols égyptiens présentent des teneurs en magnésium typiquement dix fois plus élevées que les terres européennes. La consommation de magnésium des égyptiens en provenance du sol résultait d’ailleurs à la fois des aliments cultivés localement, de l’eau chargée des sels minéraux du sous-sol et du sel fortement minéralisé extrait des exploitations de la région. La création du lac Nasser avec la construction du barrage d’Assouan (achevé en 1970), en amont de la partie égyptienne du Nil, a rendu les crues du fleuve presque inexistantes. Et c’était par elles que les riches limons se déposaient sur les zones cultivées, en y apportant les matières nutritives organiques et minérales nécessaires à la croissance harmonieuse des cultures. Les agriculteurs compensent aujourd’hui par des apports chimiques, mais il y a fort à parier que « l’avantage magnésium » des Égyptiens a déjà dû se réduire considérablement et qu’il risque de disparaître, à terme, purement et simplement.
Les exigences de rendement de l’agriculture moderne ont profondément modifié la façon dont l’homme interagit avec la terre. La rotation plus rapide des cultures (il n’est pas rare aujourd’hui de récolter deux fois par an sur une même parcelle) et le labour profond entraînent d’une part des prélèvements beaucoup plus importants et d’autre part une perte d’éléments nutritifs par lessivage dû aux pluies (encore plus lorsqu’elles sont acides) et à l’arrosage (même si le magnésium est relativement peu sensible au lessivage). Or, pour les cultures dont l’objectif est de produire un maximum de biomasse, le magnésium joue un rôle important. C’est l’atome central de la molécule de chlorophylle, et il remplit de multiples fonctions dans la production et le stockage des produits de la photosynthèse. Ce n’est qu’avec une disponibilité suffisante en magnésium que la plante peut produire et stocker une quantité maximale d’énergie – soit sous forme d’huile, soit sous forme d’hydrates de carbone tels que sucre, amidon ou cellulose. De toutes les cultures, ce sont la betterave à sucre, la betterave fourragère et le maïs qui absorbent le plus de magnésium. L’agriculteur apporte donc du magnésium sous forme d’engrais chimique (souvent en association avec du potassium, dans un rapport entre l’un et l’autre qui doit rester maîtrisé), apport essentiel dans la mesure où un déficit en magnésium limite la croissance et la qualité des cultures. La question que l’on peut néanmoins se poser réside dans la teneur en magnésium des végétaux produits à ce rythme et avec ces intrants chimiques, comparée à ce qu’elle était avec des végétaux poussant plus lentement et plus naturellement sur un sol auquel la jachère et les labours moins profonds et moins systématiques laissaient le temps de se régénérer. Les quelques études réalisées à ce jour n’ont pas mis en évidence de différence significative de teneur en magnésium en fonction du mode de culture pour les céréales et pour la majorité des fruits et légumes (à la différence des antioxydants qui seraient 40 % plus élevés en moyenne dans les fruits et légumes biologiques). Source : Commission européenne, Projet Qlif (Quality Low Input Food), http://www.qlif.org. Quoi qu’il en soit, il faut souligner que la source la plus naturelle de minéraux reste encore les fruits et légumes, qu’ils soient produits selon les règles de l’agriculture biologique ou non. Et c’est en en consommant la variété la plus large et le plus souvent possible qu’on préviendra les carences, y compris celle en magnésium.